Le Mont Everest, célèbre pour être le sommet le plus élevé de la Terre, culmine à 8 848,86 mètres dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal et la Chine (Tibet). Pourtant, bien avant que les explorateurs occidentaux ne lui attribuent le nom de "Everest", cette montagne majestueuse avait déjà deux noms, profondément enracinés dans les cultures locales et les traditions spirituelles de la région.
Chomolungma et Sagarmatha : Les noms ancestraux
1. Chomolungma (ཇོ་མོ་གླང་མ) : En tibétain, ce nom signifie "Déesse mère de la terre". Pour les Tibétains et les peuples bouddhistes, Chomolungma n'est pas simplement une montagne ; elle incarne une divinité protectrice. Le terme "Chomo" signifie "déesse", tandis que "Lungma" fait référence à la "terre". Ce nom reflète la dimension sacrée de la montagne dans la culture tibétaine, qui voit en elle une entité spirituelle et non un simple point géographique.
2. Sagarmatha (सगरमाथा) : En népalais, Sagarmatha se traduit par "Front du ciel". Ce nom est largement utilisé au Népal et reconnu officiellement comme désignant la montagne. Il évoque la grandeur et la hauteur céleste de ce sommet, considéré comme le "Toit du Monde". Ici aussi, le nom est porteur d'une signification spirituelle, reliant la montagne aux forces célestes.
Ces deux noms témoignent de l'importance spirituelle et culturelle du Mont Everest pour les peuples locaux. Chomolungma et Sagarmatha existaient bien avant que la montagne n'attire l'attention des géographes occidentaux.
L'Héritage occidental : Le nom "Everest"
Le nom "Everest" a été attribué par Andrew Waugh, arpenteur général de l'Inde, en 1865, en l'honneur de **Sir George Everest**, son prédécesseur. Curieusement, George Everest n'a jamais vu la montagne qui porte son nom. Waugh, ignorant les noms locaux ou trouvant difficile de les standardiser, choisit de la baptiser "Everest", inscrivant ainsi ce sommet dans l'histoire occidentale.
Pourquoi redonner à la montagne son vrai nom ?
Le Mont Everest n'avait pas besoin d'un nouveau nom. Ses noms originaux, Chomolungma et Sagarmatha, étaient déjà porteurs de sens, liés aux cultures et aux croyances de ceux qui habitent ces régions depuis des siècles. Rebaptiser une montagne qui avait déjà une identité propre, c’est effacer en partie l’histoire de ces peuples.
Aujourd'hui, il est important de reconnaître cette erreur et de rendre hommage à ces traditions en utilisant les noms locaux. Appeler cette montagne Chomolungma ou Sagarmatha, c'est respecter l'héritage culturel et spirituel des populations qui la vénèrent. Se réapproprier un sommet qui avait déjà une signification, c'est une forme de colonialisme symbolique. Redonner à cette montagne son vrai nom, c'est lui restituer son identité profonde et honorer ceux qui vivent sous son ombre.