Internet et les réseaux sociaux ont révolutionné notre manière de communiquer, offrant des plateformes où chacun peut partager ses expériences, opinions et accomplissements. Cependant, cette ère de la connexion globale a également donné naissance à des comportements particuliers, parmi lesquels le phénomène "et moi alors". Cette tendance consiste à détourner une discussion ou un contenu vers soi-même, souvent de manière inappropriée, créant ainsi un environnement où l'empathie et l'écoute sont mises à mal.
Qu'est-ce que le Phénomène "Et Moi Alors" ?
Imaginez que quelqu'un partage sur les réseaux sociaux une expérience personnelle difficile ou une réalisation significative. Une autre personne intervient alors avec un commentaire du type : "Et moi alors, j'ai vécu quelque chose de similaire, mais en pire" ou "Et moi alors, pourquoi personne ne remarque mes réussites ?". Ce type de réponse recentre l'attention sur le commentateur, minimisant ou éclipsant l'expérience initiale.
Les Algorithmes et l'Égocentrisme
Ce comportement peut sembler simplement égocentrique ou maladroit, mais il est souvent exacerbé par les algorithmes des réseaux sociaux. Ces algorithmes sont conçus pour personnaliser le contenu que nous voyons, en se basant sur nos interactions passées, nos centres d'intérêt et nos comportements en ligne. Ils nous proposent des publications qui sont censées nous intéresser, créant une bulle où chaque contenu semble nous être directement adressé.
Prenons un exemple concret pour illustrer le phénomène "et moi alors". Imaginons qu'une personne partage une publication touchante sur Facebook à propos de la perte récente de son animal de compagnie, exprimant sa tristesse et les souvenirs précieux qu'elle garde de lui. En réponse, une autre personne commente : "Je comprends ce que tu ressens. Mais pourquoi personne ne parle jamais de la difficulté de perdre un emploi ? Moi, j'ai perdu mon travail récemment et personne ne semble le remarquer." Dans ce cas, la personne qui intervient détourne la conversation de la perte d'un animal de compagnie à une problématique qui lui est personnelle, en se demandant pourquoi son propre exemple ou intérêt n'est pas inclus dans la discussion. Cela non seulement minimise la peine de l'auteur original mais crée aussi un sentiment d'invalidation de son expérience, tout en recentrant l'attention sur soi-même.
Dans cet environnement hyper-personnalisé, il devient facile de croire que chaque sujet ou chaque histoire doit résonner avec notre propre vie. Par conséquent, lorsqu'une personne voit une publication qui évoque des thèmes familiers ou émotionnellement pertinents, elle peut ressentir une impulsion presque automatique à partager sa propre expérience, même si celle-ci n'est pas directement liée ou si elle détourne l'attention de l'auteur original.