Avant de commencer, je vais vous parler de ma propre expérience.
J’ai eu droit à une éducation extrêmement violente physiquement et verbalement de la part de ma maman et une éducation bienveillante, non-violente et basée sur la communication de la part de mon papa.
Avec le temps, j’en ai conclu que les seules choses que j’avais retenues me venaient de mon père. Aussi, que je ne me confiais qu’à lui, et même aujourd’hui, à 46 ans et lui 80 ans, je lui parle de tout (enfin presque) et surtout, j’éprouve énormément de plaisir à lui parler de ma vie.
Quand j’ai eu des enfants, le choix s’est vite posé, mais comme tout enfant maltraité, j’avais des craquages et mes deux garçons ont reçu de coup. Cela fut très rare, mais incontestablement, on revient aux sources et on applique bêtement (comme une pulsion) ce que l’on a appris. Finalement, j’avais quand même retenu une chose de ma mère, celle de taper.
Quand je me suis rendu compte de ça, j’ai dû me déconstruire pour me réapprendre et surtout focaliser uniquement sur l’éducation de mon père soit « l’éducation verbale et non-violente »
Ici, je ne vais pas vous parler de ce qu'est l'éducation verbale et non-violente, mais comment y arriver.
La première chose à vous dire, c’est que c’est long et qu’il faut de la patience et de la compréhension
La patience, parce qu’il faut systématiquement parler avec son enfant pour lui expliquer les choses. Une vraie discussion, lui expliquer pourquoi il ne faut pas faire certaines choses, l’amener à faire la distinction entre le bien et le mal et à prendre les bonnes décisions pour lui, mais aussi en fonction des autres.
Petit exemple : Un jour, mon fils m’explique que les enfants doivent obéir aux adultes et aux parents. Je lui explique que non, les adultes sont là pour leur apprendre à discerner le bien du mal et que l’enfant doit agir en fonction de ce discernement. Il insiste en me disant qu’on lui avait dit ça un jour et que c’était vrai. Je lui dis :
- Ok, donc là, je vais te donner un ordre et tu m’obéis.
- Oui
- D’accord... Va taper ta sœur.
Il a souri et il comprit qu’effectivement, on n’obéit pas aveuglément aux adultes et qu’il y avait ce petit processus de réflexion avant. Sur ce, j’ai repris cette discussion en lui disant que mon rôle de maman était de lui apprendre ce processus.
Vous avez vu, ce temps de discussion est « long » et un peu plus développer et c’est en ça que je parle de patience. Parce que des discussions comme ça avec eux, j’en ai beaucoup.
Elles peuvent être dans l’immédiat et j’arrête ce que je fais ou alors, j’attends le moment opportun comme après une dispute et que les esprits soient calmes pour l’engager.
La compréhension, en-soi comprendre que son enfant est justement un enfant et que vos explications ne seront pas forcément intégrées.
Une intellectualisation. En gros, qu’est-ce que mon enfant a compris ou pas. Quels autres mots dois-je utiliser pour qu’il assimile les idées transmises. Est-ce que je peux aller plus loin dans les discussions avec eux ?
Il n’est pas rare de me dire qu’ils n’ont pas compris et il n’est pas rare de me dire qu’ils ont compris.
La première phase, je reprends avec eux et différemment et la deuxième phase, je me dis que je peux passer au niveau supérieur.
Petit exemple : Ma fille m’explique que ce n’est pas juste parce que son frère a eu au foot une coupe et qu’elle, elle n’a eu qu’une médaille en plastique au centre aéré.
Donc j’entame avec elle une discussion sur la jalousie. Je lui explique tout ce qu’il faut savoir sur la jalousie et notamment que ce n’est pas un bon sentiment et que dans le temps ça peut lui causer des problèmes d’estime de soi et des problèmes relationnels.
La discussion ne passe pas du tout, elle le prend hyper mal, elle s’énerve contre moi et elle n’a pas compris.
Je réfléchis, mon but n’est pas de la saquer, mais de lui donner les meilleures armes pour son futur. Manque de bol, je suis tombée à côté
Je lui demande pourquoi elle réagit comme ça. Pas de réponse et ne voulant pas une mésentente entre elle et moi, je compense et je lui demande si elle aurait voulu à la place de cet échange, que je la console. Elle me dit oui, mais le mal était fait. Alors pour me rattraper, je lui dis :
- Mais tu sais, le centre de foot de ton frère à plus de moyens financiers que le centre aéré. Et que c’est pour ça que ton frère a eu une super coupe et toi, qu’une médaille en plastique. C’est juste une question d’argent. Les parents paient cher le club de foot donc ils s’attendent à de jolies coupes. Par contre, pour le centre aéré c'est different, c’est uniquement pour ça que ta médaille est en plastique.
Elle sourit direct, je lui demande si ma réponse est meilleure que la précédente et si elle est contente de sa médaille, elle me dit oui avec un regard different sur la situation.
Cette discussion a fait qu'elle accepte avec plaisir d'avoir une médaille en plastique
Mais, a-t-elle compris ou pas mon explication sur la jalousie, je ne sais pas. Je sais juste que la prochaine fois, je m’y prendrai différemment pour lui en parler.
Voici un autre exemple avec mon ado qui allie la patience et la compréhension.
Avec mon grand, nous avons énormément de mal à communiquer. C’est simple, on ne comprend rien de ce que l’autre dit ou comment il agit. Quand on se parle, ça peut très vite dégénérer et ensuite, on s’en veut.
Après une mûre réflexion, j’ai pris le parti de lui parler seulement quand c’est nécessaire. Et par moments, je ne sais pas pour quelle raison, la communication se déloque, alors j’en profite pour avoir des échanges avec lui. Contrairement à ce que l’on peut penser, cela a apaisé nos rapports, ça se passe très bien et on s’aime toujours autant. Il n’y a que le mode de fonctionnement qui a changé.
Ce n'est évidement pas facile tous les jours mais patience et compréhension sont les maitres mots pour arriver a avoir ces quelques moments appréciables et paisibles entre nous.
Tout ceci est long et prend du temps, certains résultats sont immédiats et d’autres non mais une fois acquis, ils sont indélébiles.
En conclusion, quelle que soit l’éducation que tu donnes à ton enfant et la manière de t’y prendre, rappelle-toi que tu le fais pour lui et son avenir.