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Photo du rédacteurSacrée Maman

Quand le scandale éclate : Les Filles du Bon Pasteur


Fille du Bon Pasteur travaillant dans la buanderie

Dans l'ombre de l'histoire, un chapitre sombre demeure souvent occulté : celui des filles placées au Bon Pasteur. Ces établissements religieux, souvent présentés comme des refuges pour jeunes filles en difficulté, ont hélas souvent été le théâtre de placements abusifs, de sévices et d'exploitation. Leur histoire est celle d'un silence brisé, révélant les méfaits d'un système qui a souvent ignoré les droits et la dignité des jeunes femmes qui y étaient confiées.

Les institutions du Bon Pasteur ont émergé au XIXe siècle dans un contexte de rigidité morale et religieuse. Présentées comme des maisons de correction pour femmes égarées, elles étaient censées offrir une voie de rédemption et de réhabilitation aux jeunes filles considérées comme "perdues". Les raisons de leur placement étaient variées : grossesses hors mariage, comportements jugés immoraux, ou simplement la pauvreté.


Trop souvent, ces placements étaient effectués sans le consentement éclairé des jeunes filles, souvent mineures, ni celui de leur famille. Les autorités religieuses et civiles collaboraient parfois pour éloigner ces jeunes femmes de leur milieu d'origine, sous prétexte de protéger la morale publique. Cette pratique a conduit à des vies brisées, des familles déchirées et des traumatismes profonds.


Les raisons des placements des jeunes filles au Bon Pasteur étaient variées et souvent liées à des normes sociales strictes et à des circonstances difficiles. Voici quelques-unes des raisons courantes :

1. Grossesses Hors Mariage : Dans une société où la moralité était fortement surveillée, les grossesses hors mariage étaient souvent considérées comme une honte pour la famille. Les jeunes filles enceintes étaient parfois placées dans des établissements du Bon Pasteur pour cacher leur condition et préserver l'honneur familial.

2. Comportements Jugés Immoraux : Les normes de conduite étaient strictes, et tout écart par rapport à ces normes pouvait entraîner un placement. Des comportements tels que la prostitution, la consommation d'alcool ou de drogues, ou même une simple rébellion contre l'autorité parentale pouvaient être considérés comme des motifs de placement.

3. Pauvreté et Problèmes Familiaux : Les familles en situation de pauvreté ou confrontées à des problèmes familiaux tels que le décès d'un parent, le chômage ou la maladie pouvaient être incapables de subvenir aux besoins de leurs enfants. Plutôt que de voir leurs filles souffrir, certaines familles les plaçaient dans des institutions du Bon Pasteur dans l'espoir qu'elles y trouveraient une meilleure vie.

4. Orphelinat ou Abandon : Les filles orphelines ou abandonnées étaient souvent placées dans des institutions religieuses telles que le Bon Pasteur pour leur fournir un toit, de la nourriture et une éducation.

5. Protection de la Morale Publique : Dans certains cas, les autorités civiles et religieuses plaçaient des jeunes filles au Bon Pasteur dans le cadre d'une politique visant à maintenir la morale publique. Cela pouvait inclure des mesures coercitives pour "corriger" les comportements jugés déviants..

Une fois placées dans ces établissements, les filles étaient souvent confrontées à un environnement hostile et répressif. Les témoignages rapportent des abus physiques, psychologiques et sexuels perpétrés par le personnel encadrant. Des punitions sévères étaient infligées pour des transgressions mineures, et le contrôle strict de la vie quotidienne réduisait les résidentes à l'état d'objets soumis à l'autorité.


Au-delà des mauvais traitements, les filles placées au Bon Pasteur étaient souvent contraintes à un travail forcé. Sous prétexte d'apprendre la discipline et les valeurs du travail, elles étaient souvent exploitées dans des tâches domestiques ou des ateliers de couture, sans rémunération ni reconnaissance de leur labeur. Leurs efforts contribuaient souvent à l'enrichissement des institutions qui les opprimaient.

Marie-Christine Viennat, présidente de l'association "Les Filles du Bon Pasteur", incarne la détermination d'un groupe de femmes à obtenir justice pour les injustices subies dans ces établissements. Elle et d'autres femmes se battent courageusement pour obtenir des excuses officielles, une reconnaissance du travail forcé auquel elles ont été soumises pendant des heures interminables, ainsi que la récupération de leurs droits à la retraite. Leur lutte révèle la force de la résilience et la quête de rédemption face à un passé douloureux et longtemps ignoré.

Parallèlement, le film "The Magdalene Sisters" offre un écho poignant à leurs revendications, en mettant en lumière les horreurs et les injustices perpétrées dans ces maisons de correction pour jeunes filles. À travers ce parallèle, il devient clair que ces femmes et leur combat symbolisent une quête collective pour la vérité, la réconciliation et la reconnaissance de leur dignité bafouée.


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